Il n’est pas facile pour des parents de faire de la prévention avec leurs enfants en matière d’abus sexuels. C’est pourtant indispensable à leur sécurité, et cela devrait pouvoir être entrepris dès l’âge de trois ans nous disent les spécialistes. Jill Starishevsky, auteur d’un ouvrage sur le sujet pour le public américain, nous a récemment alertés sur ce sujet avec un article très clair tiré de son expérience de magistrate à New York : «
Dispelling 10 Myths About Child Sexual Abuse (Dissiper 10 mythes sur les abus sexuels) », en anglais). Une liste des excuses les plus courantes pour se dispenser d'en avertir son enfant.
Sa double démarche de juriste impliquée et de communication, nous a rappelé celle du Dr Janusz Korczak en 1933 quand il s'est décidé à témoigner sur ce sujet jugé délicat de son expérience d’expert auprès des tribunaux, à Varsovie. Il disait déjà peu ou prou la même chose sur les silences et la psychologie de l’enfant abusé.
À une époque où régnaient une profonde hypocrisie et pruderie concernant la sexualité, considérée comme un sujet inabordable, Korczak dénonçait l’indifférence, la passivité ou encore la tolérance des adultes vis-à-vis des pervers et des prédateurs et le silence coupable des autorités.
Pour Korczak, le danger est directement lié au maintien des enfants et des parents dans l’ignorance de ce sujet tabou : « Plus les uns insistent pour obtenir une réponse, plus demeurent silencieux ceux qui ont le droit et le devoir de répondre. En attendant, la problématique n’a pas bougé et le danger augmente ».
Korczak, Janusz : « Au sujet de la sécurité de l’enfant » (O bezpieczeństwo dziecka. 1933), inédit Association Frse J. Korczak (AFJK), 9 p.
(Accessoirement, son article révélait d’intéressants clichés sur la masturbation qu’il redoutait mais aussi sur la France et l’Allemagne qui étaient alors perçues dans l’imagerie populaire en Pologne comme des pays de débauche où sévissaient des satyres dont les histoires défrayaient la chronique…).
Aujourd'hui et maintenant, en Europe, n'oublions donc pas la nécessité d'encourager et de développer une
prévention active des abus et violences. À l'école, c'est le rôle des cours d'éducation sexuelle qui devraient être généralisés et surtout répétés régulièrement tout au long de la scolarité. Dans nos foyers et dans la société, c'est bien le rôle des parents et des professionnels, sachant que les enfants eux-mêmes doivent y être pleinement associés et y participer, comme pour tout ce qui les concerne directement, selon les préceptes korczakiens. On profitera donc de ce billet pour donner quelques liens utiles sur les études et la prévention (uniquement).
B. Lathuillere
Le
petit dictionnaire des idées reçues publié par «
Parole d'enfants » en 2004, disponible en PDF à télécharger chez «
Kaleidos » (deux associations belges de référence)« ;
Une communication du Conseil de l'Europe « : « A
pprendre aux enfants à se protéger contre l’abus sexuel ».
L’étude Optimus de la fondation suisse UBS, engagée sur dix ans. La première partie publiée en 2012 analyse les données recuillies auprès de 6700 étudiants suisse âgés de 15 à 17 ans. Viendront ensuite l’étude chez les adolescents chinois puis d’Amérique du Sud et d’Afrique du Sud. Le premier résultat suisse n’est pas sans surprises, cf.
le résumé qu’en donne l’Association Garance sur son site.
En anglais et aux USA, on se reportera aux travaux de
l'ISPCAN.